40 siècles d’histoire
Principalement connu pour son aqueduc romain, le Site du Pont de Gard possède en réalité une histoire bien plus ancienne. L’archéologie nous offre un petit retour dans le temps, à la découverte de son passé préhistorique.
Construit vers 50 après JC, sous les règnes de Claude ou de Néron, l’aqueduc auquel le Pont du Gard appartient, alimenta pendant 5 siècles la ville de Nîmes en eau sous pression, en grande quantité. La cité romaine, l'antique « Nemausus », connaît au 1er siècle un tel développement qu'elle décide de se doter d'un aqueduc, à l'instar de Rome, capitale et modèle pour tout l'empire romain. Cette réalisation donne à la ville (qui compte alors 20.000 habitants) un prestige nouveau : fontaines, thermes, eau courante dans les riches demeures, salubrité des rues contribuent à l’agrément et au bien-être dans la cité. Grâce à une pente moyenne de 25 cm par kilomètre, parmi les plus faibles jamais réalisées à cette époque, l'aqueduc acheminait par gravité 30.000 à 40.000 m3 d'eau courante par jour depuis une source située à Uzès, sur une distance de 50 kilomètres jusqu'à Nîmes.
Le Pont du Gard est exceptionnel par ses dimensions puisque avec ses 49 mètres de hauteur, c’est le pont-aqueduc romain le plus haut du monde.
Il est le seul exemple de pont antique à 3 étages encore debout aujourd'hui. Près d'un millier d'hommes ont travaillé sur ce chantier colossal achevé en seulement 5 ans.
Une utilisation au fil des siècles
Vers le début du VIème siècle lorsque Francs et Wisigoths se partagent la région parcourue par le Pont du Gard, ce dernier est définitivement abandonné et la conduite commence à servir de carrière. Dès le Moyen-Âge et tout au long de la frise chronologique, le monument est destiné à de nombreuses fonctions, différentes de sa fonction principale, et devient une source d’inspiration pour de nombreux artistes de la Renaissance.
Les douze premières arches du troisième étage sont prélevées pour bâtir plusieurs églises et édifices des environs. Quant au passage supérieur du Pont, qui est plus large et plus dangereux, ce dernier est condamné.
C’est à ce moment-là que la première mention du Pont du Gard apparaît sous la forme de « Pons de Gartio ». Cette mention se manifeste dans un document en date de 1295 à propos d’un droit de péage que le roi de France, Philippe le Bel, céda au seigneur d’Uzès en échange de la baronnie de Lunel.
A cette époque, la route menant à Beaucaire et à sa célèbre foire, passe par le Pont du Gard. Le trafic connaît alors une forte augmentation, c’est pourquoi l’aménagement d’un meilleur passage pour les charrettes et les animaux est nécessaire au niveau médian du monument. Des rampes d’accès sont bâties et les piles du deuxième étage sont davantage échancrées (côté ouest). Mais cette effervescence est un véritable danger pour l’ouvrage, qui aurait pu s’effondrer.
A noter que les constructeurs du Pont d’Avignon et ceux du Pont-Saint-Esprit, s’inspirent grandement du Pont du Gard.
Hiver 1429-1430 : à la suite d’une forte crue du Gardon dans l’hiver, le roi Charles VII aurait donné l’ordre aux Etats du Languedoc « de travailler sans délai à réparer cet édifice extrêmement endommagé. » Une certaine prise de conscience sur la conservation du monument apparaît dès cette époque.
En 1565 : la carte de Charles de l’Ecluse apparaît comme le plus ancien document officiel mentionnant le Pont du Gard, comme : « pont admirable, œuvre des Romains, jadis aqueduc. »
Les compagnons du Tour de France avaient pour coutume de venir saluer et de s’inspirer de cette prouesse de l’architecture romaine. Pour laisser une trace de leur passage, ils y ont gravés leurs marques et leurs outils.
Il faut savoir que plus de 320 marques compagnonniques ont été relevées sur l’édifice. La marque la plus ancienne remonte à 1611 et la plus récente de 1989. Aujourd’hui, plus personne ne grave son nom dans la pierre.
De 1696 à 1702 : sous la direction des architectes Daviler et de Laurens, d’importants travaux de restauration sont conduits pour réparer les dégâts causés par la circulation des charrettes et le creusement des piles : encorbellements et colmatages des échancrures. La prise de conscience concernant la conservation du Pont du Gard se fait de plus en plus ressentir et les grands architectes de l’époque s’y intéressent davantage.
Entre 1743 et 1747 : les Etats du Languedoc ordonnent la construction d’un pont routier accolé au pont-aqueduc. C’est Henri Pitot (tube Pitot et aqueduc de Montpellier) qui est l’ingénieur chargé de ce projet. A cette occasion, la carrière de l’Estel est réouverte pour mener à bien ce chantier de grande envergure.
Découvrez ou téléchargez l’histoire d’Henri Pitot : l’homme, l’ingénieur et ses inventions (1695-1771) par Michel Desbordes, professeur Polytech’Montpellier et Michel Lescure, directeur de la Modernisation et du Développement du Réseau routier Conseil Général du Gard.
https://www.pontdugard.fr/sites/default/files//documents/conference_pitot.pdf
En 1840 : Prosper Mérimée, 1er inspecteur des Monuments Historiques, constate le triste état du Pont du Gard : « Les grands arcs sont dans un été épouvantable, un certain nombre de claveaux sont détachés et tous sont rongés de manière à donner de vives inquiétudes. Le rapporteur pense que c’est une affaire dont il faut s’occuper sans perdre de temps, car l’administration serait impardonnable s’il arrivait un accident. »
Mérimée fait inscrire le Pont du Gard sur la première liste des Monuments Historiques. Une avancée qui permet une certaine accélération du processus de conservation du Pont du Gard.
Entre 1842 et 1846 : deux campagnes de restaurations voient le jour et vont sauver le monument de son état de dégradation. Charles Questel, architecte chargé des monuments de Nîmes et du Pont du Gard, y procède. A noter qu’un escalier à vis est construit à cette occasion.
Entre 1844-1845 : des ingénieurs songent à réutiliser l’aqueduc pour alimenter Nîmes et ses industries textiles.
De 1855 à 1859 : une seconde campagne de restauration est conduite par l’architecte Jean-Charles Laisné.
Autour de 1865 : un relais de poste est créé sur la première ligne de chemin de fer établie dans le Gard.
A partir de 1936 : les bouleversements liés au tourisme s’accélèrent. Le passage des véhicules sur le pont routier provoque des vibrations qui menacent l’ouvrage de s’écrouler. Pour éviter cette catastrophe, 310 tonnes de ciment sont injectés aux endroits sensibles.
En 1959 : un camping voit le jour en rive droite et marque le début d’une exploitation peu respectueuse du monument et de son environnement.
En 1985 : le Pont du Gard est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, le projet d’équipement culturel sur le Site commence à être étudié.
A partir de 1986 : le Conseil général réalise des études concernant l’aménagement du Site. Un comité de défense est constitué.
En 1988 : la création d’un conseil scientifique voit le jour. Il a pour objectif de guider les concepteurs des projets d’aménagement.
En 1998 : le projet d’aménagement du Pont du Gard est adopté (Déclaration d’Utilité Publique) mettant un terme à l’anarchie et à la dégradation du Site.
En 2000 : le Site est ouvert au public, quant aux espaces d’exposition, ils sont ouverts en 2001.
En 2003 : le Pont du Gard devient un EPCC (Etablissement Public de Coopération Culturelle).
En 2004 : le Pont du Gard est labellisé Grand Site de France. Ce qui lui permet une certaine préservation et une mise en valeur du monument antique et de son environnement naturel.
En 2015 : l’EPCC adopte un plan quinquennal de restauration dans le but de protéger les vestiges de l’aqueduc.
Avec 1 500 000 visiteurs, il devient le monument antique français le plus visité.
1985 marque l’année où le du Pont du Gard est inscrit officiellement sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. Bien que cette appellation témoigne de la valeur universelle exceptionnelle du monument, le Département du Gard, prévoyant un nouvel afflux touristique important, prend la décision de protéger et d’aménager le site culturel et touristique le plus visité du Gard.